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La voix du mouvement laïque européen s’est élevée au Parlement de Strasbourg contre l’extrême-droite

Date de publication : mer 16 Juil 2025

Le Réseau Laïque Européen (RLE), créé en 2021 à l’initiative du Centre d’Action Laïque, a tenu sa conférence inaugurale ce 8 juillet au Parlement européen de Strasbourg.

L’événement, organisé sous le parrainage de la députée européenne Estelle Ceulemans et de Véronique De Keyser, présidente du RLE, a rassemblé environ 80 participants en salle et en ligne. De nombreuses associations membres étaient représentées : le CAL, Egale, l’UAAR…

Au cœur des débats : la montée de l’extrême droite en Europe et les menaces qu’elle fait peser sur les droits et libertés fondamentaux.

Un cordon sanitaire qui se fissure

Estelle Ceulemans a dressé un un sombre tableau : les partis d’extrême-droite occupent désormais un quart des sièges au Parlement européen. Pire encore, depuis le début de cette législature, le traditionnel cordon sanitaire censé contenir leurs idées s’effrite, notamment par des rapprochements entre la droite modérée (PPE) et les trois groupes parlementaires de la droite extrême. Seule la Commission des affaires sociales résiste encore à cette dérive, où un cordon sanitaire a été mise en place.

Véronique de Keyser a, quant à elle, souligné les dangers de la situation actuelle, avec une extrême droite qui a réussi à accéder au pouvoir dans un certain nombre de pays européens de manière démocratique.

Regards croisés européens

Les interventions des invités ont éclairé la situation dans plusieurs pays :

Gáspár Békés (Association Hongroise des Athées) a dénoncé l’alliance entre l’État hongrois et les Églises, qui marginalise les voix critiques et menace la laïcité : depuis 2010, le régime illibéral de Viktor Orban soutient largement les Églises financièrement, leur a donné une place hégémonique dans l’éducation, protège leurs dignitaires, et marginalise, voire harcèle, les voix les plus critiques. Il a lancé un appel à l’union des forces laïques et des groupes confessionnels progressistes qui partagent les principes d’égalité, de justice et de démocratie, pour créer une société laïque fondée sur la séparation des Églises et de l’État : « Nous devons collectivement réaliser que l’avenir de l’Europe est laïque. »

Mariano Reaño Lambea (Europa Laica, Espagne) a analysé l’influence de l’extrême droite sur la justice espagnole, entre influence et instrumentalisation, évoquant notamment des dispositions législatives permettant de réprimer des propos contestataires envers l’État et la Couronne, que certains jugent appliquent sévèrement. Il a également évoqué les obstacles rencontrés par Europa Laica dans ses actions en justice visant à faire appliquer la loi contre certaines dérives des autorités en faveur de l’Église catholique.

Joan-Francesc Pont Clemente (Fondation Ferrer i Guardia, Barcelone), intervenu en visioconférence, a interrogé la manipulation du discours de haine, de l’extrême droite et des politiques d’annulation. Il a également lancé des pistes pour combattre les discours de haine tout en créant les conditions pour un débat apaisé et en évitant la censure des voix dissidentes.

Un appel à l’action collective

Les échanges avec le public ont fait émerger des enjeux majeurs : alerter sur les dangers réels de l’extrême droite, car elle paraît encore abstraite pour beaucoup de gens, lutter contre le déclassement économique et social qui alimente son ascension, et affirmer une vision forte de la laïcité en Europe.

Un accord général sur l’urgence de développer des solutions concrètes contre la montée de l’extrême-droite s’est dégagé, résumé par l’appel sans détour d’Estelle Ceulemans : « Nous aussi, nous n’avons presque plus rien à perdre. Combattons l’extrême droite de manière résolue. »

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