Picardie Laïque
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Date de publication : mar 21 Fév 2023
Ce 20 février marque les 50 ans de libération de Willy Peers, médecin militant pour l’accès des femmes à l’avortement, arrêté le 17 janvier 1973 pour avoir mis fin à la grossesse d’une jeune femme déficiente qui avait été violée. 50 ans après, l’accès à l’IVG est toujours un combat. L’affaire Willy Peers doit nous inspirer: une large prise en charge médicale et sans culpabilisation des femmes est possible!
Au début des années 1970, alors que l’IVG était totalement illégale en Belgique, des médecins pionniers et courageux ont bravé la loi pénale et décidé de pratiquer des avortements. Parmi ceux-ci, Willy Peers, gynécologue à Namur, est arrêté le 17 janvier 1973 pour avoir mis fin à la grossesse d’une jeune femme déficiente qui avait été violée. Il restera plus d’un mois en prison.
Face à l’injustice de cette arrestation, une grande manifestation est organisée à Namur le 29 janvier 1973 pour réclamer sa libération. Face à la pression populaire – des milliers de personnes venues de tous les coins de la Belgique – et grâce à l’action des mouvements laïques et féministes, Willy Peers sort finalement de prison, sans jamais avoir été jugé. Le pouvoir en place cherche à éteindre le feu. Pour apaiser la colère de la population, la loi de 1923 interdisant la publicité des moyens contraceptifs est abrogée.
Dans la foulée de “l’affaire Peers”, plusieurs centres de planning familial ont continué à aider les femmes et à braver la loi. En déclarant avoir avorté, plus de 800 femmes font bouger les lignes et d’énormes manifestations font pression pour sortir l’avortement de la clandestinité et permettre une prise en charge sécurisée et médicale. Comme en mars 1979, quand des milliers de personnes défilent dans le rues de Bruxelles. Il faudra cependant attendre 1990 pour que l’IVG soit partiellement dépénalisée.
En Belgique, aujourd’hui, bien que l’IVG soit techniquement sortie du Code pénal en 2018, des peines de prison et d’amendes sont toujours prévues dans la loi, tant pour les femmes que pour les médecins et les équipes qui ne respecteraient toutes les conditions. Les médecins et le personnel soignant restent donc sous le coup de poursuites, ce qui engendre des craintes inutiles et entretient le tabou autour de l’IVG.
Rappelons qu’une large majorité était prête à voter l’amélioration des conditions et l’allongement du délai en 2019 mais que le dossier a été sacrifié pour permettre la formation du gouvernement.
Aujourd’hui encore donc, il y a un fossé entre les conditions légales et les besoins des femmes. La loi sur l’IVG est en effet en décalage par rapport aux vécus des femmes et aux souhaits des médecins. Chaque année, des centaines de femmes victimes de violences conjugales, de sabotage contraceptif ou encore en déni de grossesse doivent se rendre en Hollande (si elles en ont les moyens) pour obtenir une interruption de grossesse après 12 semaines. Seules et stigmatisées, elles se sentent comme des criminelles alors que c’est la loi qui est trop restrictive.
Le combat pour l’IVG reste un combat d’actualité, en Belgique, en Europe1 et dans le monde! L’affaire Willy Peers doit nous inspirer: oui, une large prise en charge médicale et sans culpabilisation des femmes est possible!
(1) En Europe, la criminalisation totale de l’IVG reste une réalité: c’est le cas à Malte, à Andorre, au Liechtenstein. L’IVG est devenue quasiment impossible et illégale en Pologne et en Hongrie.
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