Picardie Laïque
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Date de publication : lun 27 Nov 2023
A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Centre d’Action Laïque veut rappeler la dimension sexuelle, quasi systématique, des violences envers les femmes et les filles dans le cadre des conflits armés.
Alors que nous sommes confrontés à plusieurs états de guerre dans le monde, la résolution 1325 votée par l’ONU en l’an 2000 et célébrée ce 25 novembre est la première à souligner le nécessaire devoir de protéger les droits des femmes et des filles pendant et après les conflits, mais aussi le soutien à leur rôle dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix… Beaucoup le payent aujourd’hui de leur vie et nous devons leur rendre justice.
Dès 2010, dix ans après l’adoption de la résolution, le constat de l’ONU était déjà effrayant : « Lorsque le Conseil de sécurité a adopté la résolution, il y a dix ans, il a mis en lumière l’un des plus grands silences de l’histoire – la violence systématique, brutale et fréquente dont sont victimes les femmes et les filles dans un conflit armé. (…) Les guerres récentes, en ex-Yougoslavie, au Rwanda, en Sierra Leone, au Libéria, au Népal ou en Afghanistan, ainsi que dans d’autres zones de conflit, ont été marquées par des actes de violence à l’encontre des femmes et des filles.
On estime que 70 % des victimes parmi les non-combattants lors des récents conflits étaient principalement des femmes et des enfants. Jusqu’à 500 000 femmes ont été violéesau Rwanda durant le génocide de 1994. Quelque 60 000 femmes ont été violées durant la guerre en Croatie et en Bosnie-Herzégovine et, entre 1991 et 2001, on estime que 64 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles liées à la guerre en Sierra Leone[1]. »
En ce 25 novembre 2023, nous devons faire l’effort d’ouvrir les yeux. Car ce qui est encore plus insupportable, ce serait de nous taire.
Aujourd’hui encore, les viols de guerre au Congo continuent, dans l’indifférence la plus totale, à être une réalité qui anéantit depuis des décennies toute une partie de la population, majoritairement, les femmes et leurs enfants.
De même, aujourd’hui se tient à Bruxelles un 3ème procès d’assises consacré au génocide rwandais où témoignent des survivantes dont plusieurs sont elles-mêmes mères d’enfants issus de viols. Faire écho à leur voix aujourd’hui ne serait que maigre justice, mais qui le fait ?
Enfin, au moment même où la société civile et les institutions dénoncent les violences faites aux femmes, comment ne pas évoquer les viols et actes de barbarie et de cruauté sexiste inimaginables perpétrés le 7 octobre en Israël ?
L’indignation à l’égard des violences sexuelles faites aux femmes ne doit souffrir d’aucun relativisme ni d’aucun calcul politique mais elle ne peut non plus servir de justification aux actes de représailles constitutifs de crimes de guerre et contre l’humanité qui se déroulent à Gaza. Parce que le contexte dans tous les cas n’est qu’un prétexte.
Nous devons le dire : la violence sexuelle comme arme de guerre et de terreur explose sous nos yeux. Atteindre les femmes, les réduire à néant en les humiliant par là où elles se distinguent des hommes, est le point commun de ces viols génocidaires, et du meurtre de leurs enfants. Pas des victimes collatérales, au contraire, des victimes ciblées parce qu’elles sont femmes.
La conclusion de l’ONU est que « les corps des femmes et des filles sont devenus des champs de bataille ».
Ce n’est qu’après avoir posé ce constat, osé le dénoncer en refusant toute indignation sélective, que nous pourrons faire échec à ce qui ne peut être une fatalité.
[1] https://www.un.org/fr/chronicle/article/les-conflits-armes-et-le-femmes-la-resolution-1325-du-conseil-de-securite-dix-ans-dexistence
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