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Le racisme est un délit, pas le « sacrilège »

Date de publication : mar 18 Juil 2023

Le 7 juillet, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a adopté une résolution sur la « Lutte contre la haine religieuse constituant une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence », sur une initiative de la République islamique du Pakistan. 

La cause immédiate invoquée par les partisans du texte est l’incident du 28 juin 2023 à Stockholm. Salwan Momika, réfugié irakien, a brûlé un exemplaire du Coran en public. L’incident a causé de vives réactions de nombreux États à majorité musulmane, comme les actions similaires de l’extrémiste de droite Rasmus Paludan qui ont eu lieu ces derniers mois.

L’objet du texte onusien n’est pas tant de condamner le racisme et la xénophobie, que de réintroduire le délit de sacrilège.

Le Centre d’Action Laïque condamne fermement les appels à la haine à raison de la religion, comme toute forme de racisme et d’antisémitisme. La laïcité est indissociable de l’humanisme universaliste, fondé sur l’égalité en droits et en dignité de tous les êtres humains. 

Cependant, l’objet du texte onusien n’est pas tant de condamner le racisme et la xénophobie, que de réintroduire le délit de sacrilège, et d’introduire des normes religieuses en droit international des droits de l’Homme. On retrouve dans cette résolution de nombreuses expressions telles que « brûler le Saint Coran ou tout autre livre saint est offensant et irrespectueux », ou encore « profanation du Saint Coran ». Ce langage religieux n’a pas sa place dans un document de l’organe chargé d’assurer la protection des droits fondamentaux. Le texte assimile toute destruction volontaire du Coran comme un appel à la haine, et, de fait, demande de criminaliser le « sacrilège » contre un « livre saint » au nom de la nécessaire lutte contre la haine raciste. 

Il est particulièrement inquiétant que le Conseil des Droits de l’Homme contribue à la longue campagne de certains États pour imposer leurs normes religieuses, au détriment des droits fondamentaux.

Les droits fondamentaux protègent les individus contre la violence, les injures racistes, et les appels à la haine et à la discrimination. Ils ne protègent pas des « personnalités vénérées, des livres saints, des symboles religieux », qui peuvent faire l’objet de critiques et de satire, ni contre des « actes irrespectueux ». Le droit n’a pas à forcer les personnes au respect de dogmes ou objets du culte. Une telle confusion porterait gravement atteinte à la liberté d’expression. 

Rappelons que l’État à l’initiative du texte, le Pakistan, punit la « profanation délibérée » du Coran de l’emprisonnement à vie, et le « blasphème » de la peine de mort. Il est particulièrement inquiétant que le Conseil des Droits de l’Homme contribue à la longue campagne de certains États pour imposer leurs normes religieuses, au détriment des droits fondamentaux.

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