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L’impensé du prosélytisme dans les soins de santé

Date de publication : jeu 7 Déc 2023

Retour sur la matinée d’étude consacrée au prosélytisme dans les soins de santé, organisée par le Service Laïque d’aide aux Personnes (SLP) et le Centre d’Action Laïque (CAL) le 28 novembre dernier.

La religion et la spiritualité exercent encore aujourd’hui une très forte influence dans le domaine des soins de santé. En Belgique, une grande partie des services sont structurés par le réseau catholique. Ainsi, bon nombre de nos institutions sont libres d’offrir des soins de santé conformes aux principes éthiques de la foi catholique, bien qu’elles doivent également respecter les normes et réglementations prévues par notre politique de santé publique.

Par ailleurs, la liberté de conscience s’applique aussi bien pour les patients que pour les prestataires de soins. Les patients sont libres d’exprimer leurs convictions tout au long de leurs parcours de soins et de bénéficier d’un service d’accompagnement correspondant à celles-ci. Toujours selon leurs convictions, les patients ont notamment le droit de choisir leur professionnel de santé de même qu’à consentir ou refuser un traitement. Quant aux prestataires de soins, leur liberté de conscience s’applique jusqu’au refus de pratiquer des actes médicaux contraires à leurs convictions. Qui plus est, ils ne sont pas formellement soumis à un devoir de neutralité, comme c’est le cas notamment en France pour les agents du service public hospitalier.

Croyances des prestataires vs libertés et droits du patient

Dans un tel contexte, il est légitime de se questionner sur les effets induits par l’expression de normes religieuses de la part d’une institution médicale ou d’un prestataire, sur les libertés et droits du patient. En l’absence de cadre, la liberté des prestataires de manifester leurs croyances ne risque-t-elle pas de porter atteinte à l’autonomie du patient et à la qualité des soins? Car n’oublions pas, que la vulnérabilité du patient le soumet inéluctablement au pouvoir décisionnel du médecin. Dès lors, la manifestation d’une conviction religieuse par l’autorité médicale risque de s’imposer au patient de manière aussi bien implicite qu’explicite. La frontière entre simple expression et acte prosélyte risque ainsi de devenir floue, voire poreuse.

Or, la question du prosélytisme dans les services de santé reste un impensé. Nous peinons à trouver de la littérature scientifique à ce sujet, sans parler de réponses politiques ou institutionnelles. Car rappelons qu’en Belgique, il n’existe aucune réelle mesure pour lutter contre le prosélytisme dans des domaines où il serait jugé comme inopportun comme par exemple, dans les institutions de soins. Pourtant, les accompagnants laïques qui œuvrent dans ces services reviennent ponctuellement vers nous en racontant des situations qui nous laissent penser que le prosélytisme dans le domaine des soins est un phénomène à étudier sérieusement.

Prosélytisme dans les soins de santé: une enquête pour penser l’impensé

Enquête sur le prosélytisme dans les soins de santé

C’est pourquoi, le Centre d’Action Laïque et le Service Laïque d’aide aux Personnes ont initié une première enquête accompagnée d’une matinée d’étude sur le prosélytisme dans les services de santé qui s’est déroulée le 28 novembre à Namur. Ce projet, soutenu par la ministre wallonne de la Santé, a été l’occasion d’enfin penser la question du prosélytisme dans le domaine des soins.

Chercheurs et professionnels de la santé publique se sont ainsi rencontrés afin de défricher cet objet d’enquête et surtout, d’interroger la nécessité de garantir la neutralité de tous nos services de santé. Ce fut également le moment pour le CAL et le SLP de présenter une enquête réalisée à ce sujet auprès des accompagnants laïques.  Cette matinée de travail nous a permis de disposer désormais de clefs de lecture pour s’emparer de ce phénomène encore trop peu étudié. Aussi, elle a été l’occasion de rappeler la plus-value de la présence d’accompagnants laïques dans tous les services. Mais surtout, elle nous sert maintenant de tremplin pour poursuivre le travail d’enquête afin de percer à jour la question suivante: devons-nous ou pas, être inquiet face à l’existence d’un prosélytisme dans nos services de santé?

Pour plus d’informations, rendez-vous prochainement sur notre site afin de consulter les publications de la matinée d’étude Lutter contre le prosélytisme dans les services de santé. La neutralité au service de la qualité, en ce compris les résultats de l’enquête menée par le SLP et le CAL.

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