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Tunisie : entre tristesse et espoirs déçus

Date de publication : ven 8 Avr 2022

“Beaucoup de tristesse et d’espoirs déçus.” Voici ce qui a marqué notre journaliste-vidéaste Pierre Schonbrodt lors de son voyage en Tunisie. Invité par l’Association des Démocrates Tunisiens du Benelux et Wallonie-Bruxelles International, il est allé présenter le film VNous à Tunis. Un film produit par le Centre d’Action Laïque qui dresse un portrait des hébergeurs de migrants en Belgique.

La solidarité envers les migrants mais aussi la détresse de l’exil décrites dans le film ne pouvaient que toucher de plein fouet le public présent. La Tunisie est en effet le pays d’où partent chaque jour des dizaines de bateaux qui tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre Lampedusa à seulement 200 km. Une traversée dangereuse et souvent meurtrière. En juillet et août 2021, environ 8000 personnes ont atteint les côtes italiennes au départ de la Tunisie. Parmi eux: des Syriens, des Afghans, des Erythréens mais aussi 70% de Tunisiens.

La Tunisie est une prison à ciel ouvert.

Plongée dans une impasse politique depuis la suspension du Parlement en juillet 2021 et sa dissolution le 30 mars dernier, la Tunisie vit une crise multidimensionnelle: députés accusés de “complot contre l’État”, chômage et inflation en hausse, racisme, problème d’accès à l’eau potable. Une crise tellement forte qu’une bonne partie de la jeunesse du pays a perdu ses illusions et ne rêve que d’une chose: émigrer vers l’Europe. “On se rend compte que partir ou non, c’est un de leurs sujets de conversation quotidiens”, raconte Diego Dumont, fondateur du groupe “Hesbaye, terre d’accueil” et protagoniste du film Vnous qui faisait également partie du voyage. “Pour le groupe de jeunes que nous avons rencontrés, la Tunisie est une prison à ciel ouvert. Ils ne savent pas comment en sortir.”

Leur rêve, c’est de manger bien.

Notre journaliste a ramené plusieurs témoignages, dont celui de Slim Ayedi, journaliste activiste: “Le rêve des Tunisiens n’est plus de faire faire des études à leurs enfants. Leur rêve, c’est de manger bien.” Si l’espoir anime encore des acteurs de la société civile, beaucoup sont désabusés. Et la dissolution du parlement par le président Kaïs Saïed il y a quelques jours, sans s’engager sur la tenue d’élections législatives anticipées d’ici à trois mois comme le prévoit la Constitution, fait craindre une dérive autoritaire.

© Diego Dumont

De Tunis à Zarzis, à l’est du pays, Pierre Schonbrodt est parti à la rencontre des Tunisiens pour comprendre les raisons qui les poussent au départ mais aussi des migrants venus d’ailleurs. Coincés dans l’attente de pouvoir traverser la Méditerranée, victimes de racisme en Tunisie, ces migrants sont dans une impasse: impossible de passer, impossible de revenir dans leur pays d’origine, impossible d’entrevoir un avenir.

Rendez-vous dans l’émission radio Libres, ensemble qui sera diffusée ce samedi 9 avril à 20h sur La Première pour décrypter avec notre équipe la crise tunisienne et entendre des témoignages pleins d’espoirs et de désillusions. S’ensuivra également un reportage télévisé à la mi-mai dans nos émissions.

Quelques portraits signés Pierre Schonbrodt

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