string(9) « actualite »

VIH : 40 ans de lutte contre les discriminations

Date de publication : ven 3 Déc 2021

À l’approche de la journée mondiale de lutte contre le sida1, on sait que les médias accorderont à ce moment une certaine place au virus de l’immunodéficience humaine, et que nous serons nombreuses et nombreux à porter le ruban rouge. Aujourd’hui, la lutte contre la maladie semble globalement moins centrale, moins urgente, moins visible. Bien que les derniers chiffres soient assez rassurants, le VIH est au centre d’enjeux éthiques, politiques et sociaux plus que jamais cruciaux.


En 1981, le syndrome d’immunodéficience acquise était décrit pour la première fois. Maureen Louhenapessy a commencé à travailler en 1986 dans la structure qui deviendra plus tard SidAids Migrants. Engagée pour trois mois afin de concevoir une brochure de prévention du VIH à l’attention des migrants, elle a rapidement pris conscience des enjeux globaux associés à cette épidémie. L’urgence était tant sanitaire que politique. La Belgique parlait alors d’une « épidémie africaine ». Des patient.e.s d’origine subsaharienne arrivaient dans les services de maladies infectieuses avec la particularité d’être pour la plupart hétérosexuels et de tous sexes confondus. « L’infection a d’emblée attaqué des publics qui étaient déjà discriminés : les migrants, les gays, les prostitué.e.s », relate celle qui dirige actuellement la Plateforme Prévention Sida (PPS), ASBL chargée des campagnes de prévention du VIH en Communauté française, aux côtés de Thierry Martin. Ce dernier est entré par les hasards de la vie dans le secteur, au début des années 1990, mais ne l’a plus jamais quitté. Membre fondateur d’Ex-Aequo, il s’est particulièrement investi dans les enjeux liés au public HSH2 avant de prendre les rênes de la PPS.

La peur, mauvaise maîtresse

Si la maladie physique induit habituellement de l’empathie et du soutien, le sida, parce qu’il est en lien avec la sexualité et des communautés déjà discriminées, a d’emblée suscité des discours de l’ordre de la morale, renvoyant à la responsabilité des malades : « Il ou elle n’avait qu’à ». La peur, le rejet et la honte laissaient les personnes malades dans une grande solitude. Les médias donnaient de l’épidémie une image morbide et terrifiante. C’est dans ce climat d’appréhension générale et de détresse des malades alors condamnés que l’Administration générale belge de la coopération au développement (AGCD) a imposé le testing et exigé la séronégativité comme conditions d’accès à une bourse pour les étudiants africains. Cette décision suscita chez les boursiers déjà en Belgique l’angoisse de perdre leur revenu financier, le droit d’étudier et de rester sur le territoire. L’aide médicale urgente n’existait pas et, sans accès au séjour et donc aux soins, « les malades étaient rapatriés mourants, voire morts, en cercueil, dans leur pays d’origine », déplore Maureen Louhenapessy.

Une lutte politique

Les enjeux du VIH dépassaient largement la santé physique, et la réponse face à ces injustices criantes se devait d’être militante et engagée. Rapidement, la lutte a été politisée, au travers de manifestations et d’actions coup de poing comme celles menées par Act Up. La lenteur dont a fait preuve la Belgique pour accepter les brevets sur les nouvelles molécules et le manque de visibilité du VIH dans les médias ont suscité la mobilisation et l’indignation chez le militant.e.s., relate Thierry Martin.

Défiler vers le haut
partager sur