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Violences liées au trafic de drogues, l’urgence d’un changement de paradigme

Date de publication : lun 16 Jan 2023

Le fiasco de la “guerre à la drogue” héritée de Nixon en 1971 est aujourd’hui bien démontré. Dans les discours politique et médiatique belges, on parle dorénavant plus volontiers de guerre “aux dealers”, aux “mafias” mais à aucun moment, l’abandon de cette rhétorique guerrière ne semble être une option envisagée.

Face à l’explosion de violence à Anvers, il est ainsi proposé de recourir à l’armée -idée vite abandonnée-, d’augmenter les moyens judiciaires et policiers, sans oublier au passage de recourir à une culpabilisation des consommateurs, mais jamais de changer de perspective.

L’exemple d’autres pays ensanglantés par les violences illustre pourtant que la lutte répressive n’impressionne guère les cartels internationaux qui disposent largement des moyens de répliquer toujours plus brutalement, entrainant une surenchère destructrice et mortifère.

Des experts mais aussi des politiques l’ont bien compris. Ainsi, en septembre dernier, à la tribune de l’ONU, Gustavo Pedro, nouveau président d’une Colombie meurtrie par des décennies de violence, a exhorté les Etats “d’en finir avec la guerre irrationnelle contre la drogue“, ajoutant que pour diminuer la consommation des drogues, c’est plutôt de la construction d’une société meilleure dont nous avons besoin[1]. Une évidence… pas vraiment.

La logique prohibitive, arbitraire et bien-pensante, continue à prévaloir dans notre pays. Elle se révèle pourtant totalement inadaptée aux réalités sociétales actuelles. En effet, malgré l’interdit, les produits psychotropes abondent et leur consommation n’a de cesse d’augmenter.

Il faut croire que la lutte contre la drogue est devenue un secteur économique à part entière, tant pour ceux qui livrent cette guerre aveuglément que pour les capos et les cartels, qui savent que leurs fabuleux bénéfices dépendent de l’illégalité du trafic” remarque la juriste Ana Bejarano Ricaurte, dans une chronique pour le site d’information Cambio[2]

Il est plus que temps de changer de paradigme et d’évoluer vers un modèle de législation progressiste basée sur une approche de santé publique et respectueuse des libertés individuelles.

L’exemple du Portugal se révèle à cet égard éclairant. Confronté à une terrible épidémie d’overdoses liée à une forte consommation d’héroïne, cet état a parié sur la décriminalisation de l’usage et de la détention pour consommation personnelle de toutes les drogues en 2001, accompagnant ce processus par la mise en place d’un important dispositif de santé publique. Pari réussi !

Mais cela ne suffit pas pour combattre le trafic. C’est pourquoi, le Centre d’Action Laïque préconise non seulement la décriminalisation de la détention et de la consommation à des fins personnelles mais également la réglementation de la filière de production et de vente des produits psychotropes par l’État.

Ce qui, au-delà des bienfaits en matière de santé publique, permettrait de réduire considérablement les profits du crime organisé et ainsi de lutter de manière plus pertinente et efficace contre les violences engendrées par les guerres inter-gangs.


[1] Courrier International, 21.09.2022

[2] Opinion traduite par Courrier International sous le titre : “La Colombie a la légitimité morale pour en finir avec la guerre mondiale contre la drogue”, 01.10.2022

On vous propose de replonger dans ce reportage de 2018, plus d’actualité que jamais, qui mettait en lumière le fiasco de la “guerre à la drogue” et donnait la parole aux consommateurs. Au lieu de les criminaliser en les marginalisant de plus en plus, si on pensait un modèle les intégrant dans la société ?

➡ Lire aussi la réaction du Centre d’Action Laïque: https://www.laicite.be/violences-liees-au-trafic-de…/…

Avec Transit asbl et Pierre Schonbrodt

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